claude fayette

art concorde

Années 70, Paris, faubourg Saint Honoré, par une pluvieuse journée d'automne qui donnait aux Van Dongen, Soutine et Hartung accrochés aux cimaises de ma galerie, une puissance lumineuse, celle qui habite les œuvres d'art les plus abouties, arrive un jeune homme, blouson de cuir, santiags, carton à dessins sous le bras.

Son regard circulaire se fixe soudain sur le mur du fond, derrière mon bureau, à la meilleure place, parmi ses aînés illustres, trônait un étonnant tableau hyperréaliste d'un peintre américain. Ce regard intéressé m'a de suite séduit et notre conversation m'a amené à vouloir en découvrir plus de ce personnage atypique, si différent de ceux rencontrés habituellement dans les galeries de la rive droite.

Une fois son carton à dessins ouvert, nous savions lui et moi qu'une aventure artistique allait naître, elle durera une vingtaine d'années. Son parcours et le mien prendront par la suite des directions géographiques différentes, mais Dominique Mulhem fait à jamais partie de mon univers artistique et de ma famille de cœur.

Entre Pop Art et hyperréalisme, la peinture de Mulhem s'inscrivait dans tout ce que j'aimais et ce que je recherchais. Mulhem est un virtuose de l'aérographe au même titre qu'un violoniste jouant de son archet avec intelligence et talent. Les formes et les couleurs se complètent dans ce nuage magique, l'air, comme un souffle divin guidé par les doigts inspirés de l'artiste, donne naissance à des corps féminins qui sortent de la toile sur fond de cité. Sa peinture dénonce et séduit à la fois. Je voulais absolument faire partager ce mouvement artistique à cet univers un peu conservateur que seuls les grands maîtres établis intéressaient alors. Les amateurs et collectionneurs fidèles de ma galerie réviseront vite leurs éléments d'appréciation et adhéreront à cette nouvelle expression picturale avec engouement.

La première exposition parisienne de Dominique Mulhem fut un véritable succès, une fête, les ailes de cet artiste naissant lui permettront désormais d'aller loin, un peu partout dans le monde et toujours avec réussite.

Quelques temps après je mettais à sa disposition un petit mazet dans l'arrière pays niçois afin que l'inspiration, la création, puissent s'exprimer librement sous une lumière méridionale éclatante, loin de Paris et de ses contraintes. Pari réussi. Dominique a pu en toute liberté laisser libre cours à son délire créateur, allant même avant l'heure jusqu'à taguer quelques oliviers centenaires ou à utiliser à des fins artistiques un vieux barbecue à jamais imprégné de sa substance créatrice.

Déjà une obsession le faisait rechercher ce que beaucoup, hormis lui, ont tenté sans succès. Peindre en trois dimensions, le mot était lâché. Les techniques les plus abouties n'auront aucun secret pour lui, et c'est ainsi qu'avec son Art Holographique, Dominique Mulhem sera le premier à créer un Art Multimédia, à l'avant-garde du terme lui-même aujourd'hui utilisé par tous. Il est le tout premier à avoir réalisé des peintures holographiques et en tant que tel son nom restera à jamais attaché à cette technique artistique qui est un des maillons de l'histoire de l'art. La signature de Mulhem est unique, et, en tant que pionnier, il est et restera le maître incontesté d'un courant artistique incomparable.

Dominique Mulhem avait été un peu visionnaire en rentrant dans ma galerie, son instinct l'a toujours guidé et ne l'a jamais trahi. Sa peinture évolue sans cesse tout en restant fidèle à ses bases, ses œuvres holographiques resteront comme un témoignage exceptionnel de cette recherche toujours originale qui le pousse en avant.

Embarqué depuis près de quarante ans sur ce bateau ivre de la création, il navigue sans trêve et accoste parfois en régalant nos yeux et tous nos sens de ses œuvres abouties.

Claude FAYETTE

Belle-Île-en-Mer, juillet 2009

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
   

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